X Y : jeu avec l’ineffable
X Tu sais, je sais ce que c’est l’enfer
Y Mais comment ?
X J’y ai séjourné
Y Comment est-ce possible ?
X Je n’y ai pas séjourné, j’y suis toujours et depuis. J’y suis pour me saisir, m’appuyer, marcher sur, tenir un fond. J’y suis abandonné à moi-même, en abîme de moi-même.
Y Impossible ! Prétentieux !
X J’y fêtais la quête d’ordre, l’instant transcendental
Y Comme tout le monde !
X Je m’y suis parcouru, visité, à dessein de moi-même, je n’y suis pourtant pas arrivé
Y Surprise
X J’y ai vu les ports se dérober. Valvae s’y refusait, s’entêtait dans le silence et les murs, s’ouvrir, s’y donner, entreprendre les passants, bavarder de tout leur soul.
Y Comme partout !
X Et pourtant, point d’appui, dans l’évanescence tremblotante tournée autour de soi-même surgir puis s’effacer devant soi. Confondre ses visages, s’interpeller nuitamment et reprendre du jour à jour
Y Du rififi et pourtant rien !
X Rien, c’est déjà beaucoup, c’est manquer d’appui, un instant de repos, un souffle qui s’essouffle à se récupérer, et ainsi de suite…
Y Tu joues à te dérober, car depuis toujours et tous pour toujours n’ont eu que jour, tu devrais t’essayer à l’orfèvrerie, ciseler et fondre la ciselure sous le souffle rocambolesque du sérieux travail des mots vides qui arrivent la besace besogneuse du temps, qui pourtant rien ne demanda.
X Tu t’y reprends à te prendre au mot, à t’enferrer dans les dédales du sens, à mourir au jour à l’instant où semblent provenir les instances contre ce qui depuis nous tenait prisonnier.
Y Tu t’époumones ! Tu joues à jouer, alors que le sérieux du jeu ne peut supporter la légèreté d’une prise. Je parle de ce qui ne parle pas, mais joue à faire parler, parler…
X Penses-tu qu’un jour Babel tombera ? Que nous retournerons à notre enfance, épurés de la vieillesse native ! Penses-tu qu’un jour nous retrouverons l’instant du souffle avant l’instant du clinamen et que Lucrèce ressaisi des mots nous empoigne et entraîne au travers des feux chatoyants de la langue. Rien qu’une fois, peut-être à jamais, et depuis nous ne faisons qu’y retourner.
Y Penses-tu que nous sommes ?
X Pardon ?
Y Oui ! que nous sommes ?
X Il te semble croire que je devrais comprendre !
Y Le maintenant à fleur de peau devrait l’effet attendu faire
X S’imposer !
Y peut-être, ou traverser !
X Du moins briller !
Y Ou sonner, de toute façon aller vers, de la manière choisie pour …
X Je veux dire penses-tu que nous sommes étants ?
Y Si tu déroulais peut-être
X Nous sommes qu’étants
Y La particule n’allonge guère
X Nous ne sommes que n’étants
Y Ici devrait intervenir le X !
X Il ne devrait falloir !
Y Pour avoir à dire, il faut s’oublier pour dire !
X L’arbre parle sans besoin de dire
Y « Ce n’est pas à pied qu’il te faut cheminer parce que les pieds transportent toujours d’une région de la terre à une autre. Ne vas pas non plus préparer un attelage ou un quelconque navire, mais laisse tout cela et une fois que tu auras fermé les yeux, échanger cette manière de voir pour une autre et réveiller cette vision que tout le monde possède mais dont peu font usage ». N’est-ce pas beau ?
X Tu ne vas pas enfin de combats las, te laisser reprendre en la nuit à jamais installée, parce que accordée ! De Plotin faire front !
Y J’eusse aimé que quelque consistance se fît et de loin en loin ou de proche en proche, c’est selon l’avatar du moment, me laisser choir ou hisser ; car déjà toujours à commencer c’est cependant trop tard !